Statut de conservation IUCN

Le Chocard à bec jaune (Pyrrhocorax graculus) est une espèce de passereaux de la famille des Corvidae et une des deux espèces du genres Pyrrhocorax avec le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax). De plus, le chocard à bec jaune est beaucoup plus proche du Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax) que du Choucas des tours (Corvus monedula), bien que le Choucas des tours et le Chocard à bec jaune soient souvent confondus, ce qui fait qu'en montagne, il est souvent appelé à tort Choucas. Son aire de répartition s'étend de l'Europe (arc alpin, Pyrénées, Corse, Alpes dinariques, monts Cantabriques) à l'Afrique du Nord (Rif et Atlas). Olivier Messiaen a consacré à cet oiseau une pièce, qui en porte le nom, de son Catalogue d'oiseaux.

Cet oiseau possède un plumage noir brillant, un bec jaune, des pattes rouges et ses appels sont distinctifs et facilement reconnaissables. Son vol acrobatique flottant lui est permis grâce à des plumes de vol qui sont largement répandues sur ses ailes. Le chocard à bec jaune se couple pour la vie et affiche une fidélité à son site de reproduction, généralement une grotte ou une fissure dans une falaise. Il construit un nid avec des branchages et pond trois à cinq œufs blanchâtres marbrés de brun. Il se nourrit, généralement en bandes, sur des prairies pâturées de courte durée, capturant principalement des invertébrés en été et des fruits en hiver; il s'approchera facilement des sites touristiques pour trouver un supplément de nourriture.

Bien qu'elle soit sujette à la prédation et au parasitisme, et que les changements dans les pratiques agricoles aient provoqué le déclin des populations locales, cette espèce répandue et abondante n'est pas menacée à l'échelle mondiale. Le changement climatique peut représenter une menace à long terme, en déplaçant l'habitat alpin nécessaire vers des altitudes plus élevées.

Description

Le plumage est entièrement noir avec des reflets métalliques, les pattes sont rouges et le bec jaune. La taille, 36 à 39 cm, est exactement celle du choucas, l'envergure atteint 70 à 85 cm et la masse 190 à 240 g, sans dimorphisme sexuel.

Très beaux à observer en vol, les chocards utilisent à merveille les courants d'air et semblent prendre plaisir à se poursuivre ou à expérimenter les manœuvres aériennes. Ils vivent en bandes nombreuses.

Ils vivent jusqu'à 11 ans en liberté.

Habitat

Chocard sur le domaine skiable de Val Thorens à 2 800 mètres d'altitude.

Les chocards se trouvent en haute montagne jusqu'à 4 000 m d'altitude, dans l'Atlas, les Alpes, les Pyrénées, les Abruzzes, les Balkans, en Corse, en Espagne, dans le Caucase et en Asie centrale (Himalaya).

Le chocard est souvent nommé à tort choucas (Corvus monedula), un autre corvidé de taille et de poids approximativement équivalents, ils se distinguent essentiellement par la couleur du bec, jaune chez le chocard et noir chez le choucas, et par la couleur des pattes, rouge chez le chocard et noire chez le choucas. Le choucas, honnête « voletailleur », en général ne dépasse pas l'altitude de 1 000 mètres, bien qu'il en ait été observé jusqu'à 2 000 mètres, alors que le chocard est un planeur des cimes hors pair qui sait profiter du moindre courant ascendant et qui effectue lors de ses vols des vrilles aériennes. Il a aussi été observé des bandes de chocards pourchassant des aigles ou des vautours pour porter secours à un congénère en difficulté, et il n'est pas rare de rencontrer des chocards au sommet du mont Blanc accompagnant les alpinistes pour quémander leur casse-croûte ; il est d'ailleurs tout à fait déconseillé de nourrir ces oiseaux sauvages notamment avec du pain car, comme beaucoup d'oiseaux, ils ne digèrent pas le gluten du blé.

Régime alimentaire

C'est un oiseau omnivore : insectes, invertébrés, baies, graines, œufs, charognes, déchets et en particulier les restes de nourriture des alpinistes.

Reproduction

Nid dans le gouffre n 3 du col d'Aran, à Bielle (Pyrénées-Atlantiques).

Le chocard niche dans les anfractuosités de falaises, le nid bien rembourré abrite de 3 à 5 œufs pour une incubation de 18 à 21 jours, les jeunes quittent le nid au bout de 31 à 38 jours.

Taxonomie

Espèce-type et espèces voisines

Le chocard à bec jaune a été décrit pour la première fois comme Corvus graculus par Linnaeus dans son ouvrage Systema Naturae en 1766. Il a été déplacé à son genre actuel, Pyrrhocorax, par l'ornithologue anglais Marmaduke Tunstall dans son ouvrage 1771 Ornithologia Britannica, avec le seul autre membre du genre, le crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax). On pensait autrefois que les parents les plus proches des chocards à bec jaune étaient les corbeaux du genre Corvus, particulièrement les choucas dans le sous-genre Coloeus, mais l'analyse d'ADN et de cytochrome b montre que le genre Pyrrhocorax, avec le témia temnure (Temnurus temnurus), a divergé tôt du reste des Corvidae.

Le nom du genre est dérivé du grec p????? (purrhos), "couleur de la flamme", et ???a? (korax) , "corbeau". L'épithète d'espèce graculus est latine pour un choucas. Le nom binomial actuel du chocard à bec jaune était autrefois appliqué au crave à bec rouge. Le mot anglais chough était à l'origine un nom onomatopéique alternatif pour le choucas, Corvus monedula, basé sur son appel. Le crave à bec rouge, autrefois particulièrement commun en Cornouailles et connu initialement sous le nom de chocard cornouaillais, est finalement devenu juste chough, le nom transférant d'un genre à l'autre.

Les trois espèces, choucas des tours, crave à bec rouge, chocard à bec jaune, sont fréquemment confondues et couramment appelées indistinctement choucas ; elles partagent une même étymologie.

Le corbicrave leucoptère (Corcorax melanorhamphos), malgré sa forme de bec similaire et son plumage noir, n'est que vaguement apparenté au chocard.

Sous-espèces

D'après la classification de référence (version 5.2, 2015) du Congrès ornithologique international, cette espèce est constituée des trois sous-espèces suivantes (ordre phylogénique) :

C'est le paléontologue morave Ferdinand Stoliczka qui a distingué la population de l'Himalaya comme une troisième sous-espèce, Pyrrhocorax graculus forsythi. Cette séparation a été discutée mais la classification de 2015 (cf. infra) a tranché en ce sens. Une forme pléistocène de l'Europe était semblable aux sous-espèces existantes, et est parfois classée en tant que Pyrrhocorax graculus vetus.

Éponymie

L'espèce a donné son nom à un astéroïde, (4471) Graculus.

Lien externe