La Linotte mélodieuse (Linaria cannabina, anciennement Carduelis cannabina) est une petite espèce de passereaux bruns, à la poitrine rosée de la famille des fringillidés. Son gazouillis est agréable et doux, son vol vif et léger.
La linotte installe un nid fait à la va-vite, pas très loin du sol, sans trop sembler se préoccuper de le dissimuler aux yeux des prédateurs. Cela lui vaut cette utilisation péjorative de son nom dans le langage des humains : « tête de linotte »; son nom lui vient de sa consommation de linettes (graines de lin) dont elle est friande.
Description
Cette espèce présente un dimorphisme sexuel : le mâle arborant une coloration rose intense au niveau du front et de la poitrine, absente chez la femelle.
Distribution
Cette espèce est nicheuse en Europe occidentale, en Afrique du nord-ouest et en Asie Mineure avec une poche isolée en Asie centrale. Elle est visiteuse d’été en Russie et dans le sud de la Scandinavie. Elle hiverne en Afrique du Nord-Est et à plusieurs endroits en Turquie et dans le nord de l’Iran.
Déplacements
En France, dès la fin-juillet, les linottes deviennent nettement grégaires et peuvent alors former des troupes comptant parfois plusieurs centaines d’oiseaux. Ces rassemblements restent formés tout l’hiver et visitent les vignobles, les friches, les chaumes, les labours, les prés non cultivés et même les terrains militaires et les aérodromes. Les linottes nichant en plaine sont vraisemblablement sédentaires ou erratiques, vagabondant çà et là en fonction des disponibilités alimentaires des milieux ouverts ; elles fuient en revanche l’enneigement prolongé. À l’automne, le passage débute entre les derniers jours d’août et la mi-septembre ; il culmine en octobre et s’achève à la mi-novembre. En plaine, les effectifs observés au passage sont nettement inférieurs à ceux en altitude.
Habitat
La linotte mélodieuse fréquente les zones découvertes à végétation buissonnante, la campagne cultivée notamment à proximité des haies, les terres arables entourées de broussailles et de buissons, les fourrés et les landes broussailleuses, les plantations de jeunes conifères, les vergers et les jardins.
En France, la linotte mélodieuse a une distribution irrégulière qui tient à ses exigences écologiques. Elle recherche avant tout les espaces ouverts où domine une végétation herbacée de préférence basse, voire rase ou absente, parsemée de quelques buissons. On trouve les densités les plus fortes là où alternent friches, labours, jachères, vignobles et de nombreux talus et chemins agricoles, ces derniers permettant l’existence de diverses graminées et plantes pionnières, fort appréciées par l’espèce. On peut aussi la trouver commune dans les tourbières, vignobles, gravières, alpages, terrains vagues, landes ou friches industrielles.
Alimentation
La linotte mélodieuse consomme essentiellement de petites graines des plantes adventices des cultures qu’elle prélève directement sur le plant ou qu’elle glane, plus souvent, sur le sol. Elle exploite aussi, à l’automne, les champs moissonnés notamment de colza. D’ailleurs son plumage gris, beige et brun se confond idéalement avec la couleur terre et paille des champs couverts de chaumes et revêt alors une valeur mimétique certaine.
Voix
Bossus & Charron (1998) ont bien décrit le chant : « Le gazouillis de la Linotte frappe tout d’abord par la grande richesse de ses motifs : il combine roulades, notes flûtées, trilles, sons pincés, sans jamais laisser à l’auditeur la moindre chance de prévoir la suite de ses enchaînements. Même la durée d’une strophe varie beaucoup. Le chant du mâle se donne en solo, en duo ou en chœur car le grégarisme de l’espèce persiste pendant toute la période de reproduction. »
Parade nuptiale
Bien que le mâle chante parfois en vol, l’essentiel de sa parade a lieu au sommet d’un buisson, sur une clôture de jardin voire le toit d’une maison. En parade, le mâle débite ses strophes grinçantes et gazouillées particulièrement mélodieuses, en bombant le torse pour exhiber le rouge de sa poitrine tout en agitant les ailes et en étalant la queue bordée de blanc. Il se pose généralement à côté de la femelle, sur un perchoir dégagé et peu élevé, puis l’accouplement a lieu à l’issue de cette démonstration.
Nidification
Le nid consiste en une assise de brindilles et de rameaux avec une coupe de brins d’herbes sèches et de tiges de graminées (parfois encore avec leurs épillets), tapissée intérieurement de duvet végétal (aigrettes de plantes herbacées) et animal (laine, crin, poils). Il est habituellement placé à faible hauteur (entre un mètre et un mètre cinquante) aussi bien sur un buisson à feuillage caduc (souvent un prunellier) que sur un jeune conifère (habituellement un épicéa). Il contient généralement quatre œufs blancs légèrement bleutés, tachetés et ponctués de noir et de brun roux avec, généralement, des sous-taches grises.
Systématique
Le nom binominal Linaria cannabina (Linnaeus, 1758) (recommandé par le Congrès ornithologique international classification 3.3) ne fait pas l'unanimité. Le nom binominal de Carduelis cannabina reste le plus usité.
L'espèce a été décrite par le naturaliste suédois Carl von Linné en 1758 sous le nom initial de Fringilla cannabina.
Synonymie
Fringilla cannabina Linné, 1758 (protonyme)
Noms vernaculaires
Sous-espèces
D'après le Congrès ornithologique international, cette espèce est constituée des sept sous-espèces suivantes :
L’ancienne forme C. c. fringillirostris (Bonaparte & Schlegel, 1850), toujours reconnue par les auteurs kazakhs (Gavrilov & Gavrilov 2005), est maintenant incluse dans la sous-espèce C. c. bella. La forme C. c. guentheri Wolters, 1953 de Madère, est reprise dans la sous-espèce nana.
Statut
Les premiers changements de distribution, d’habitats et de sites de nidification ont été observés en Finlande dès les années 1970. Un déclin important des effectifs a été signalé en même temps que le perfectionnement du machinisme agricole. La fenaison mécanique des herbages rasant tout couvert, a fortement limité la disponibilité des ressources alimentaires. Les populations de linottes ont dû alors s’adapter à de nouveaux biotopes abritant encore des plantes adventices comme des zones industrielles désaffectées, des lieux incultes et des décombres. En France dans les départements à vocation agricole, on peut faire ce même constat depuis les années 1980 où le recul des populations s’explique par l’évolution du paysage rural. L’éradication des haies et l’emploi inconsidéré des herbicides visant à éliminer les « mauvaises herbes » sont particulièrement préjudiciables à l’espèce.
Une autre menace, particulière au sud-ouest de la France, vient des captures massives lors de la migration. Au cours de leur migration, les linottes suivent certaines voies migratoires avec d’autres fringilles (pinsons, verdiers, chardonnerets) passant par le Bassin aquitain. Là, les Landais continuent à les capturer au filet rabattant et à la matole (sorte de cage sans fond retombant sur l’oiseau). Autrefois, dans les restaurants de la région, on trouvait couramment à l’automne des brochettes de petites alouettes qui n’étaient autres que des linottes (localement appelés « linots »). Ces captures n’étaient pas officiellement autorisées mais simplement tolérées. En 1975, la commercialisation fut interdite et cette tolérance supprimée mais les captures continuent et la commercialisation se poursuit sous le manteau. Il se capture encore annuellement dans cette région un nombre important de linottes, verdiers et pinsons : 115 000 selon les chasseurs, 250 000 au moins selon les protecteurs.
À ce sujet, Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO, accompagné d’administrateurs et d’adhérents de la LPO Aquitaine, s’est rendu sur plusieurs installations de ces pièges et a procédé à la libération de pinsons des arbres, espèce protégée mais traditionnellement consommée dans les Landes ainsi que d’autres petits fringilles tous protégés par la loi (Linotte mélodieuse, Chardonneret élégant, Verdier d'Europe).
La législation française impose une protection de toutes ces espèces par la loi du et par l’arrêté ministériel du . Sont ainsi formellement prohibés sur tout le territoire métropolitain et en tout temps :
Les infracteurs sont des délinquants passibles d'une amende de 15 000 € et d'un emprisonnement d'un an (L 415-3 du Code de l'environnement).
Pourtant les services de l'État n’interviennent pas pour faire cesser cette pratique d’un autre âge. La LPO réclame donc :